Quelques heures rythmées aux Vivres de l’Art

Qu’est ce qui me pousse à m’intéresser et surtout à aimer la musique rom ? Mon intérêt est avant tout musical voire la joie qu’elle transporte et mes souvenirs lycéens avec des roms et des gitans…. Ce n’est pas seulement pour les persécutions qu’ils subissent, mais aussi pour la richesse de leur histoire musicale. 

Cette musique et la fabrication des émotions sont l’art de ce peuple nomade. Il emporte des instruments et des œuvres tout au long de leur errance. 

J’ai été invitée à participer de nouveau à fêter Ederlezi – la grande fête du printemps rom illuminant le ciel d’hiver et célébrée en Europe depuis des millénaires – autour d’une petite exposition photo argentique noir et blanc « Chemin du phare. Portrait d'un squat rom », d’un excellent gigantesque méchoui Rom en musique et de l’orchestre Chakaraka. 

Le groupe rom bordelais Orchestra Chakaraka excelle dans le rapport entre la zic et l’humain. Cette folie sonore est dévastrice. Elle est majoritairement instrumentale et ponctuée de temps en temps par la voix de Gocho. 

Dès que les zicos saisissent leurs instruments, c’est un déluge de sonorités. J’ai fortement ressenti aussi bien de l’énergie animée que de la nostalgie blessée. Ce côté festif me rappelle bien certains films d’Emir Kusturica (Le Temps des gitans) et ceux de Tony Gatlif (Gadjo Dilo, Vengo, Transylvania, Latcho Rom). La maîtrise spontanée zicale déclenche une ambiance survoltée et carnavalesque avec des accents différents : un public debout tapant en cadence des pieds et des mains et dansant sous les airs bulgares. 

Il en résulte que ces « invisibles » continueront à frapper fort avec des valeurs humanistes qui nous échappent de plus en plus aujourd'hui… Elles contribuent à la tonicité de leur culture à la richesse inépuisable sur un plan sonore. On ne peut étouffer leurs voix malgré leur errance perpétuelle… 

Samedi 21 mai 2016 – Vivre éderlezi#2 – Les Vivres de l’Art - Report et photos de Marie Corbal.